jeudi 14 février 2008

PRESIDENT REFORMATEUR D'UN PARTI NOVATEUR

LE PRESIDENT DU RCD

Zine El Abidine BEN ALI




Le 7 novembre 1987 a marqué indubitablement un tournant dans l'histoire du Parti socialiste destourien (PSD), qui deviendra, au mois de février suivant, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD).

Zine El Abidine Ben Ali, secrétaire général du parti et premier ministre, assure alors la transition à la tête de l'État et du parti, au nom de l'intérêt général et dans la légalité constitutionnelle. A l'aube du samedi 7 novembre, alors que le PSD, de plus en plus déserté par ses cadres, s'enfonçait dans une profonde léthargie, reflet du pays lui-même, il annonce à la radio le "changement". Cet événement, longtemps attendu, suscite d'emblée le retour de la confiance populaire, au plan national, et un regain de considération, hors des frontières tunisiennes.

Ben Ali s'affirme, d'emblée, en réformateur convaincu, à travers les mesures innovatrices qu'il prend et les traditions nouvelles de rigueur, de persévérance, de discipline et de conviction qu'il instaure dans un pays qui voguait à la dérive. Avec une remarquable capacité de travail, il s'emploie, à sauver et à ranimer un parti sclérosé qu'il prend en charge et auquel il redonne le goût du militantisme et la fierté d'un passé glorieux, construit sur les valeurs de paix, de liberté et de défense du droit des peuples à décider de leur propre devenir.

Le pari n'avait rien d'évident : transformer un parti vieillissant, en proie au doute et à la lassitude, en "une structure d'avant-garde, un creuset de bonnes volontés où s'éprouve le dévouement à la patrie" . Les commentateurs de l'époque ne se privérent d'ailleurs pas de le souligner.

Pour mener à bien son entreprise, Ben Ali exalte l'esprit patriotique pour régénérer et moderniser l'appareil du parti, qui restait profondément enraciné dans les différentes couches de la socièté tunisienne, faisant preuve de fidélité à la mémoire des acteurs de la lutte pour l'indépendance nationale et l'édification du jeune État tunisien. Parallèlement, il enracine la légitimité de son programme en érigeant graduellement le RCD, par touches successives, au rang de dépositaire des valeurs et du projet de société préfigurés dans sa déclaration du 7 novembre 1987.

Pour bien comprendre la démarche, il importe de mieux cerner la personnalité et le parcours de l'homme. Né le 3 septembre 1936 à Hammam-Sousse, un village du Sahel tunisien situé à quelques kilomètres au Nord de Sousse, la troisième ville du pays, Zine El Abidine Ben Ali est le quatrième d'une famille modeste de onze enfants.

Comme bon nombre des jeunes gens de sa génération, il est élevé dans le respect des traditions, le culte du travail bien fait et le sens de la dignité. Très jeune, son patriotisme le pousse dans l'action militante. Il se distingue en accomplissant des missions de liaison entre les structures locales du Néo-Destour, ancêtre du PSD, et le mouvement de libération nationale. Ce qui lui vaut d'être emprisonné et renvoyé de tous les établissements scolaires du pays.

Il n'abandonne pas pour autant ses études. Si bien que dès l'indépendance, le parti décide de l'envoyer en France, parmi les jeunes cadres qui seront appelés à former le noyau de la future armée nationale. Il rejoint alors l'École spéciale interarmes de Saint-Cyr, et poursuit sa formation en France (École d'artillerie de Châlons-sur-Marne), puis aux États-Unis (École supérieure de renseignement et de sécurité, dans le Maryland; École d'artillerie de campagne antiaérienne, au Texas; diplôme d'ingénieur électronicien).

De retour au pays, en 1964, remarqué pour ses qualités d'homme d'action et de méthode, Ben Ali est chargé de créer la direction de la sécurité militaire au sein du ministère tunisien de la Défense. Il la dirigera pendant dix ans, avant d'être nommé attaché militaire au Maroc et en Espagne. Fin 1977, Ben Ali est nommé directeur général de la Sûreté nationale. Trois ans plus tard, il rejoint Varsovie comme ambassadeur de Tunisie en Pologne. En 1984, il reprend la tête de la Sûreté nationale. il est promu secrétaire d'État (octobre 1984) puis ministre (octobre 1985) à la tête de ce même Ministère.

Le 28 avril 1986, sa promotion au rang de ministre de l'Intérieur marque un nouvel élan dans son ascension. Au mois de juin de la même année, à l'occasion de son XIIe congrès, le Parti socialiste destourien lui ouvre les portes de son bureau politique, en tant que secrétaire général adjoint. Élevé au rang de ministre d'État, en charge de l'Intérieur, il est nommé premier ministre et secrétaire général du PSD, le 2 octobre 1987, tout en conservant son précédent portefeuille.

Invariablement décrit comme un travailleur infatigable, il venait tout juste de fêter ses cinquante et un ans. La Tunisie était alors en proie au désarroi et à un climat de suspicion généralisé.

Ben Ali s'attache à décrisper l'atmosphère politique en nouant des contacts avec la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et les partis de l'opposition, dans le droit-fil du tempérament qui est le sien: celui de l'esprit d'ouverture et de la foi dans le dialogue et l'État de droit. Autant de piliers sur lesquels il s'appuiera, à compter du 7 novembre 1987, pour édifier un régime nouveau.

Ben Ali ne découvre pas les problèmes urgents que doit alors affronter un pays au bord de la cessation de paiement. En tant que premier ministre, il avait préconisé des solutions réalistes et fait la preuve de sa volonté d'apaisement, tout en s'efforçant de préserver les intérêts supérieurs de la Tunisie. Mais les caprices et la versatilité d'un chef d'état vieillissant, de plus en plus coupé des réalités du pays, le conduisent finalement à assumer les responsabilités définies à l'article 57 de la Constitution tunisienne. Un article qui prévoit qu'"en cas de vacance de la Présidence de la République pour cause de décès, démission ou empêchement absolu, le Premier Ministre est immédiatement investi des fonctions de Président de la République pour la période qui reste de la législature en cours..."

Le changement du 7 novembre se produit sans violence ni effusion de sang, et dans le strict respect de la légalité constitutionnelle. "Ce n'est pas incroyable, c'est tunisien", titre un journal français. Dans la rue, la liesse populaire, toutes catégories sociales confondues, est la meilleure démonstration de l'adhésion rencontrée par cette "révolution tranquille" qui marque l'avènement d'une ère nouvelle. Le RCD en tirera le meilleur profit, en étant le "premier bénéficiaire du changement après le pays".

Symboliquement rebaptisé "Rassemblement", ce qui traduit bien la volonté de fédérer toutes les énergies de la nation, le parti connaît alors une véritable renaissance : sous l'impulsion de Ben Ali, il rénove ses structures, modernise ses méthodes d'action, reformule son discours politique et s'ouvre aux forces vives du pays, qui se mobilisent en réponse à l'appel de la déclaration du 7 novembre 1987.

Le "Congrès du salut" qui se tient du 29 au 31 juillet 1988, allait consacrer ce renouveau pour la première fois depuis de longues années, le parti se dote d'un programme cohérent, exprime des choix clairs et définit une stratégie appropriée pour franchir les étapes suivantes. Le RCD s'affirme à cette occasion comme le parti du changement, aspirant à devenir une structure politique vouée aux idéaux de progrès et de démocratie auxquels aspire le pays. Ben Ali y est élu président à l'unanimité.

Cinq ans plus tard, le "Congrès de la persévérance" (du 29 au 31 juillet 1993) permet de mesurer le chemin parcouru, en consacrant dans les faits la réalité de la pratique démocratique au sein du RCD. Les congressistes y expriment clairement leur volonté de poursuivre l'æuvre de réforme engagée par le Président Ben Ali et de consolider ses acquis, en mettant l'accent sur les valeurs qui sont au cæur du projet du changement : démocratie, État de droit, respect des institutions, défense des droits et des libertés fondamentales.

Pour soutenir ce programme ambitieux, la direction du parti multiplie les instances de réflexion et de débats à l'intention de ses militants et de ses sympathisants. Un cycle de formation à l'échelle centrale, régionale et locale, un forum des idées politiques, une université d'été nationale, trois universités d'été régionales, un symposium international annuel ainsi qu'une académie politique sont ainsi progressivement mis en place au sein du RCD, pour contribuer à recruter et à former les cadres appelés à prendre la relève.

Menacé un temps par l'immobilisme et le repli sur soi, le RCD a finalement su s'adapter rapidement aux exigences du changement. Se fondant sur son patrimoine en tant qu'un des plus anciens partis politiques du monde, il redouble d'efforts pour affronter les défis d'un monde en pleine mutation, sans renier son passé, ni se couper de sa base populaire où se sont forgées les valeurs humanistes qui lui sont propres. Son mot d'ordre reste, plus que jamais, d'être attentif aux aspirations des Tunisiennes et des Tunisiens. Ce n'est pas la moindre des ambitions...

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